Athéisme et indifférence religieuse en RDC :
intolérance des Églises de réveil

Jean Musway

En République Démocratique du Congo, les Églises de réveil se développent dans un contexte qui entrecroise le monde chrétien et le monde des ancêtres, c’est-à-dire le fruit de l’évangélisation occidentale et l’héritage de la culture traditionnelle, un contexte entre la religion du livre et la religion de la coutume. Afin de clarifier ce champ hybride et de mieux appréhender par la suite la question de l’athéisme et de l’indifférence religieuse telle qu’elle se pose en terre subsaharienne, nous proposons ici une double méthodologie qui va articuler l’enquête sur terrain et l’analyse du langage mythique. L’athéisme et l’indifférence religieuse sont devenus, de façon très particulière, un sujet relativement tabou en République Démocratique du Congo, parce que ce pays a connu une grande mutation religieuse au point de devenir une sorte de Bible Belt. En effet, pendant la période coloniale, l’évangélisation chrétienne passait par les églises catholique et protestante, et désormais elle passe par un courant mainstream caractérisé par la prolifération des Églises de réveil. Nous aborderons la question de l’athéisme et de l’indifférence religieuse au Congo à travers une perspective sociologico-religieuse, une enquête de terrain et des quelques récits mythiques issus de la tradition orale africaine. Ce texte provient d’un double questionnement :

  1. Comment pouvons-nous expliquer l’intolérance constatée sur le terrain à l’égard de l’athéisme, venant des fidèles fréquentant les églises de réveil ? Nous nous arc-bouterons sur les résultats d’une enquête de terrain pour amorcer notre analyse.
  2. L’athéisme et l’indifférence religieuse sont-ils un produit exclusivement occidental ou plutôt sont-ils des productions culturelles congolaises précédant l’évangélisation et la colonisation occidentale ? Quelques récits véhiculés par des mythes traditionnels congolais permettront d’y voir un peu plus clair.

Églises de réveil et intolérance religieuse

Les Églises de réveil s’inscrivent dans le prolongement du christianisme et plus précisément du protestantisme. Le christianisme est, à l’instar du judaïsme et de l’islam, un monothéisme et surtout une religion du Livre. En tant que religion du Livre, l’orthodoxie ainsi que l’acte de foi sont des notions importantes. En tant qu’orthodoxie, la question de la conformité à la doctrine est essentielle. En effet, le fait de ne pas respecter cette orthodoxie a été par le passé le déclencheur des différents schismes et conflits. Dans la pensée métaphysique chrétienne, « je crois en Dieu » est une affirmation à comprendre comme étant « avoir confiance », « tenir l’affirmation pour vraie », « ne pas douter ou supposer » dans l’affirmation impérative de l’existence de l’objet de sa croyance. Ainsi, dans ce régime religieux, « la croyance à l’existence d’un dieu implique la confiance en lui, ce qui fonde un credo, c’est-à-dire un ensemble d’énoncés qui deviennent l’objet direct de la croyance[1] ». Le credo, cet acte de foi et d’orthodoxie amèneront des conflits violents qui ensanglantèrent l’Europe, notamment pendant les guerres de religions au XVIe et XVIIe siècles (1562-1598 : huit guerres de religion et 1618-1648 : Guerre de Trente Ans).

En revanche, l’athéisme est une négation ou un rejet de l’existence Dieu, une manière de décrédibiliser l’idée d’un Dieu créateur de l’univers, régulateur du bien et du mal, Être omnipotent, juge « sanctionnateur » qui distribue les récompenses et les punitions. Il est important de comprendre l’historique des Églises de réveil, cette forme de religiosité qui s’ancre dans le christianisme, mais surtout trouve son origine dans la Réforme protestante. Si, au 16e siècle, Martin Luther avait contesté l’autorité de l’Église catholique qu’il avait aussitôt remplacée par l’autorité de la Bible, il n’avait nullement remis en cause les dogmes les plus spécifiques du christianisme que sont celui de l’Incarnation et celui de la Sainte Trinité qui, particulièrement, nous intéresse ici. Le dogme de la Trinité est une doctrine monothéiste, qui proclame la croyance et la foi en un Dieu unique en trois personnes (Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit). Dès lors, il nous semble que l’athéisme puisse être considéré comme une hérésie pour les croyants des Églises de réveil au Congo.

En effet, en janvier 2017, nous avons mené à Kinshasa une enquête dans le cadre d’une recherche intitulée « Dire Dieu dans les Églises de réveil : entre filiations, continuités et ruptures avec la Réforme ». Cette enquête a montré clairement que, dans la perception de beaucoup de Congolais, le religieux disqualifie l’athéisme. À la question : « Selon vous, qui est Dieu ? », 98,3 % des 425 personnes interrogées ont répondu le percevoir comme « créateur de tout ce qui existe et comme leur seul maître », contre 1,7 % qui ont souhaité ne pas souhaiter y répondre. Il est donc clair qu’il s’agit d’un véritablement signal religieux fort de l’adhésion majoritaire en la croyance en un Dieu unique, socle de la foi monothéiste. Il peut paraître donc logique que nous constatons une intolérance à l’égard de toute posture athée ou agnostique. En effet, à la question : « Respectez-vous une vision athée de l’explication de la vie et du monde ? », il est significatif que 98,9 % donne une réponse négative contre seulement 1,1 % de réponse affirmative.

Existe-t-il une exception africaine en matière d’athéisme et d’indifférence religieuse ?

Lors de notre enquête, des questions ont aussi été posées sur l’existence dans les traditions ancestrales congolaises des idées relatives à la mort de Dieu, au Dieu silencieux et absent ou encore au Dieu oisif et indifférent. À ces questions, les enquêtés étaient 0,1 % à n’avoir aucun avis, 2,7 % à trouver les idées absurdes et à 97,2 à penser que c’étaient des idées occidentales.

Parmi les idées les plus répandues au sujet des Africains, il y a la réputation selon laquelle ils ont « Dieu dans le sang », qu’ils seraient tous religieux ou enclin à la spiritualité. Dans la plupart des pays africains, on ne sait pas grand-chose de l’athéisme ou de l’indifférence à l’égard du religieux. Il est difficile voire impossible d’évaluer et apprécier l’importance numérique des athées et agnostiques, qui y représentent un groupe réduit au silence et qui, pour ne pas subir une forme d’excommunication sociale ou d’accusation de sorcellerie, préfèrent ne pas expliciter et défendre leurs convictions. Si aujourd’hui l’Afrique subsaharienne est de plus en plus religieuse, tel n’a pas toujours été le cas. Loin d’être une exception en Afrique, l’athéisme et l’indifférence religieuse sont une réalité dans les sociétés africaines précoloniales dans lesquelles on constate qu’il y a des individus qui ne croient absolument en rien. Des nombreux mythes confirment bien que l’athéisme faisait bien partie de l’espace culturel, spirituel et social du Congo traditionnel. Les différentes théologies qui ont accompagné la première et la deuxième évangélisations ont étouffé toute tentative d’étude à leur sujet et d’exposition au grand public de cet état de fait.

Et pourtant, il est désormais démontré que de tous temps et dans toutes les cultures, l’homme est un être qui questionne et interroge, qui veut savoir le « comment » et le « pourquoi », qui est habité par une exigence de vérité et de lumière, qui veut comprendre et expliquer. Et pour tenter de comprendre et expliquer le monde visible et le monde invisible, il a eu recours au mythe. La civilisation grecque n’est pas la seule dont les penseurs ont eu recours aux mythes pour tenter d’expliquer le monde physique et métaphysique. En Afrique aussi, le recours à l’explication mythique était courant.

Comme dans la plupart des cultures, en Afrique subsaharienne, il a existé des mythes qui ont proposé une explication du monde ainsi qu’une forme de critique de la religion ayant débouché et conduit à l’indifférence religieuse et à l’athéisme. Bien avant la thèse nietzschéenne de la mort de Dieu, il a donc existé au cœur de l’Afrique des mythes qui ont véhiculé une telle idée. Du fait de son caractère fabuleux, légendaire, fantaisiste et populaire (et donc non élitiste), le mythe peut paraître, à première vue, comme étant un genre qui fait l’impasse sur la raison et qui s’inscrit au-delà de toute démarche rationnelle. Mais il est aussi de plus en plus reconnu que le mythe constitue également un type de savoir aussi valable que l’est le savoir philosophique, le savoir scientifique, ou encore le savoir religieux. Il est un genre porteur d’une forme de rationalité, d’un sens symbolique et des vérités sous-jacentes qui invitent à cogiter et à spéculer. Tout comme dans la Grèce antique où l’acte de philosopher est aussi passé par l’explication par le mythe, en Afrique subsaharienne, certains mythes ont été porteurs des enseignements sur la critique de la religion et ont abordé des questions inédites et qui donnent à penser comme celle de celle de l’éloignement de Dieu, ou encore d’une forme d’hostilité à Dieu pouvant aller jusqu’au meurtre de celui-ci. À l’époque préchrétienne et précoloniale, chez des populations de l’ethnie yansi de la RDC, il était courant de trouver des nombreux mythes dont certains reconnaissaient aux humains le pouvoir de tuer Dieu. À titre d’exemple, le récit du mythe suivant rapporte l’histoire d’un complot d’assassinat contre Ngül Mpwo, le Dieu du ciel chez ce peuple congolais :

En effet, ce mythe yansi raconte que « dans les villages, la mort décimait les hommes. Après chaque décès, on entendait des cris perçants : « Eh le-le-le, Ngül Mpwo a tué mon enfant ! Ou : Ngül Mpwo a tué mon père ! Ou encore : Ngül Mpwo a tué mon frère ! » Un jour, les ancêtres … décidèrent de saisir Ngül Mpwo qui tuait les hommes. Ils voulaient le tuer à son tour[2]. »

D’autres mythes racontent que les yansi « ne prient pas le Dieu suprême Ngül Mpwo et ne lui rendent aucun culte : « En ce qui [les] concerne, aucun culte ni prière n’est adressé à Ngül Mpwo, Dieu du ciel. Les ancêtres le considéraient comme un esprit dur et inaccessible. Il n’écoutait pas les demandes. Après avoir créé le monde, il s’est retiré. Il revient seulement pour tuer. Ngül Mpwo est un Dieu qui a créé, et comme créateur il est considéré comme bon ; mais il détruit aussi, et alors il est considéré comme mauvais »[3].

Ces mythes révèlent que chez les populations de l’ethnie yansi du Congo, ont circulé des idées de meurtre de Dieu, d’hostilité et d’indifférence à son égard.

Le mythe peut être considéré comme étant une source valable d’accès à la réalité. Comme forme de langage allégorique, métaphorique et symbolique, le mythe se donne comme étant une direction empruntée par le sens, et est donc porteur de sens. Même s’il n’est certainement pas, à proprement parlé, le reflet d’une réalité, le mythe, comme processus dynamique de symbolisation, rend possible l’accès au sens. Il permet une objectivation et une structuration du monde à partir de la différence et de la distinction entre le sacré et le profane. Même si le monde décrit et véhiculé par un mythe est loin d’être concret et conforme à la réalité, le mythe a une fonction sociale et sociétale. En effet, il amène un univers de sens pour les individus et les mobilise à faire société et collectivité en favorisant la cohésion et la cohérence sociale. Ce que le mythe nous apprend comme forme de langage, c’est notamment d’éviter toute conception étroite de la rationalité, et invite à le comprendre (à l’instar de l’art, de la religion ou même de la science) comme étant un effort humain de mise en ordre du monde, une phase dans la construction du sens, et qui permet une explication des événements naturels à partir de la notion de cause. Le mythe est donc une forme de rationalité et est donc en tant que telle, une des sources de connaissance qui permet d’attester, contrairement aux résultats de notre enquête, l’existence d’une forme d’athéisme et de l’indifférence ainsi que la circulation des idées critiques sur le divin dans l’espace culturel du Congo avant l’évangélisation et la colonisation.

La question de Dieu et de l’athéisme en Afrique : un énorme malentendu ?

Et si finalement, la question de Dieu et de l’athéisme telle qu’elle est posée au Congo n’était que le résultat d’un énorme malentendu des genres, d’une confusion entre religion du livre et religion de la coutume ?

La religion du Livre suppose un credo (acte de foi) et une orthodoxie ou doctrine exportable. La religion de la coutume est une orthopraxie qui n’a pas besoin de credo et n’exporte aucune doctrine[4]. Tout comme les Romains durant l’Antiquité n’exigeaient pas de croire en une doctrine, mais d’offrir des sacrifices aux Dieux de l’Empire romain, en Afrique subsaharienne, il n’était nullement obligé de croire, mais de prendre part et offrir des sacrifices ou des incantations aux mânes des ancêtres en utilisant notamment des fétiches.

Les théologies ayant accompagné les différentes phases de l’évangélisation ont lu, de manière idéologiquement orientée, les différentes croyances traditionnelles africaines en ne prenant pas en compte la distinction à faire entre religion du Livre, qui est orthodoxique, et religion de la coutume, qui est orthopraxique, ce qui constitue un énorme malentendu. Ces théologies ont lu et présenté ces croyances comme étant des pierres d’attente qui faciliteraient l’adhésion au monothéisme chrétien, et qu’il suffisait simplement d’intégrer en les purifiant.

Le cas de Simon Kimbangu est illustratif d’un tel malentendu. En effet, il est le fondateur d’une confession, le Kimbanguisme, qui a initialement émergé comme une contestation politico-religieuse du pouvoir colonial (refus de payer l’impôt, appropriation et « africanisation » du christianisme …).

Considéré comme prophète, son Église est aujourd’hui forte de plusieurs millions de fidèles, et pèse sur le paysage religieux africain en étant considérée comme la troisième communauté religieuse du Congo, après les catholiques et les protestants. Comme particularités de cette Église, il y a le fait d’être née au Congo, mais aussi d’avoir cessé d’être officiellement chrétienne. En effet, jusqu’en 2004, elle était reconnue comme une Église chrétienne et depuis 1969, elle faisait partie des membres du conseil œcuménique des Églises. En 2001, elle a décidé de faire du 25 mai la « vraie » date de la fête de Noël, symbole de la naissance du Christ. Curieusement, cette date coïncide avec la date anniversaire de Monsieur Dialungana, son chef spirituel désormais considéré comme l’incarnation du Christ. Conséquence, en 2004, cette Église était excommuniée du conseil œcuménique en n’étant plus reconnue comme chrétienne en raison de son déviationnisme, car elle reconnait les trois fils de Simon Kimbangu comme étant l’incarnation de la sainte Trinité. Cette exclusion d’un membre du conseil œcuménique montre bien le Kimbanguisme est un mixte entre religion du Livre et religion de la coutume, et que si la conformité à l’orthodoxie est importante pour la religion du Livre, elle ne l’est pas pour la religion de coutume qui, à l’exemple des religions de la Rome et Grèce antiques, a pour vocation d’être essentiellement orthopraxique et rituelle.

Dans le cadre de notre enquête, nous avions cherché à savoir la part de l’héritage ancestral dans la foi des croyants congolais. À la question de savoir s’il était possible de respecter à la foi le(s) Dieu(x) des ancêtres et celui de la Bible, ils étaient 35 % à y répondre par l’affirmative, 62 % par la négative et 4,9 % à ne pas avoir d’avis. Ces réponses ne doivent pas occulter le nicodémisme[5] fortement présent auprès de ces fidèles qui le jour sont au culte et le soir chez le sorcier ou le devin.

L’histoire qui suit est aussi intéressante au sujet de ce malentendu. En effet, à Kinshasa, au milieu de l’année 1986, un jésuite octogénaire me raconta comment, jeune missionnaire dans la région de Kikwit immédiatement après la première Guerre, il avait réuni trois vieux de sa paroisse pour leur demander si le Dieu des chrétiens avait un quelconque rapport avec le dieu (Nzambi) de leur jeunesse païenne. Mis en confiance, ses interlocuteurs lui ont clairement avoué que non. De Nzambi, les ancêtres ne connaissaient pas grand-chose pour ne pas dire rien de tout, sauf que, à l’encontre du Père Très Bon du catéchisme chrétien, il était au-delà du bien et du mal, envoyant tantôt la mort tantôt la vie, mais de manière totalement insaisissable. C’est le type même du deus otiosus africanus [le continent où ce dieu absent est le plus présent étant celui de l’Afrique…], le dieu oisif… En effet, et de l’avis même des croyants qui voudraient qu’il soit le Dieu de la révélation chrétienne, le symbole suprême des Weltanschauungen africaines (identifiées, non sans équivoques, à des visions « religieuses ») fait problème face à ce qu’on croit communément devoir être un monothéisme en bonne et due forme »[6].

Ce témoignage, qui démontre une différence entre le Dieu Chrétien et celui des croyances traditionnelles africaines, ne révèle-t-il pas que la question de Dieu et de l’athéisme telle qu’elle se pose aujourd’hui au Sud est probablement le résultat d’un grand malentendu entre religion du Livre et religions de la coutume, entre le monde de Dieu et le monde des ancêtres, et finalement des impasses d’un monde hybride dans lequel évoluent les Églises de réveil.

Conclusion

Le contexte hybride fait de religion du Livre et de religion de la coutume, de monde de Dieu (occidental) et de monde des ancêtres, fait que le problème de l’athéisme en Afrique, au sens de l’incroyance et de l’indifférence à Dieu ou aux Dieux, est peut-être aussi celui d’un énorme malentendu. Au-delà de ce malentendu, on se rend aussi compte qu’il existe un vrai décalage entre deux athéismes : l’athéisme des mythes n’est pas le même que l’athéisme occidental. Dans le cas particulier du Congo, n’est-il pas envisageable de puiser dans l’héritage traditionnel pour raviver l’athéisme mythique et ne pas rester focaliser sur un athéisme militant de type occidental ? Le recours à la tradition via ses mythes ne serait-ce pas là une des conditions pour briser le tabou afin que les athées et agnostiques vivent en paix leurs convictions sans crainte d’excommunication sociale en terre africaine au sud du Sahara ?


Notes

  1. Pouillon, « Remarques sur le verbe croire », in Le cru et le su, Paris, Seuil, 1993, pp.17-36, spécialement p. 36.
  2. Dieu dessécha le fleuve, p. 84, in Éloi Messi Metogo, Dieu peut-il mourir en Afrique ? Essai sur l’indifférence religieuse et l’incroyance en Afrique noire, Éditions Karthala, Paris, p. 39.
  3. Dieu dessécha le fleuve, p. 45, in Éloi Messi Metogo, Dieu peut-il mourir en Afrique ? Essai sur l’indifférence religieuse et l’incroyance en Afrique noire, Éditions Karthala, Paris, p. 40.
  4. Pour plus d’information sur ce sujet, lire E. Ortigues, Religions du livre, religions de la coutume, Le Sycomore, 1981, p. III.
  5. Le nicodémisme est un terme utilisé au XVIe siècle pour désigner ceux qui ne font pas profession publique de leur foi protestante, à l’image de Nicodème qui, dans les Évangiles, n’avait pas osé se prononcer ouvertement pour Jésus, mais qui le consultait la nuit (Jn 3, 2). Durant ce siècle marqué par des conflits religieux, certains protestants français ont recouru à ce stratagème pour éviter la persécution par des catholiques, attitude dénoncée vigoureusement par le réformateur Jean Calvin qui a eu à condamner ce double jeu et double langage.
  6. Michaël Singleton, « L’au-delà, l’en deçà et l’a côté du religieux », in Qu’est-ce que le religieux ? Revue semestrielle du MAUSS N°22, second semestre 2003, Éditions La Découverte, Paris, p. 182.